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les autres biens du paradis même sont défectueux et peu considérables : ce bien est la vue de Dieu. Le paradis, Seigneur, s’écrie-t-il ensuite, n’est souhaitable que parce qu’on vous y voit : car, sans l’éclat de votre beauté, il nous serait ennuyeux. »

6° Tout vrai musulman croit et confesse qu’il existe une Table, ou livre des décrets divins, où tout ce qui sera, est écrit de toute éternité, y compris le destin des hommes.

Mahomet, à vrai dire, n’eut jamais de système arrêté sur la prédestination et la liberté. Si certaines expressions du Coran semblent faire de l’homme l’instrument inconscient des desseins de Dieu, d’autres en font l’auteur et l’arbitre de ses propres destinées, celles-ci par exemple : « Dieu est l’auteur du bien qui t’arrive ; le mal vient de toi, iv, 81. »

Les théologiens musulmans ont soutenu sur ce grave problème jusqu’à trois opinions différentes. La première de ces opinions, celle du « djabr », est nettement fataliste : l’homme ne fait rien par lui-même, son sort n’est pas seulement déterminé d’avance, il est écrit, et la vie de chacun de nous « est à l’égard du livre des décrets divins ce que la représentation d’un drame est par rapport au texte du poète » Sprenger : — La seconde est celle du « kadr » dont les partisans prennent énergiquement la défense du libre arbitre. Les défenseurs de ces deux systèmes opposés et extrêmes, portent dans l’histoire le nom de djabarites, et de kadarites ou motazilites. Dès le second siècle ils formèrent dans l’Irak, deux sectes puissantes et rivales. La troisième s’efforce de tenir un juste milieu entre les deux premières. En somme, rien de net, et l’Islamisme flotte indécis entre le fatalisme et le dogme de la liberté. Il semble admettre que Dieu est l’auteur de tout, même du mal. « Il faut