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t-elle continuée par un seul héritier de sa puissance ou par plusieurs ? Cet héritage, qui en règlera la transmission ? un décret divin, le choix libre des fidèles, ou le droit de la naissance ?

Mahomet s’est-il posé ces graves questions ? Il y a tout lieu de le penser. Les a-t-il résolues ? Non. Du moins le silence du Coran nous autorise à le croire. Et cependant une société ne peut pas vivre sans résoudre d’une façon ou d’une autre ces problèmes essentiels. Pour n’avoir pas su ou voulu les résoudre à temps, Mahomet a laissé toute grande ouverte la porte aux schismes et aux hérésies. Son silence a condamné son œuvre aux déchirements les plus douloureux, et donné naissance, au sein de l’Islamisme, à trois partis irréductibles, à trois factions irréconciliables dont les sanglantes querelles eurent presque toujours pour objet ou pour prétexte, la question fondamentale de la succession du Prophète. Ces trois partis sont celui des sonnites ou « orthodoxes, » celui des schiites ou « hérétiques » et celui des kharidjites ou « séparés. »


Trois partis irréductibles.


Les kharidjites ne reconnaissent à personne le droit natif de commander aux croyants. En principe l’Imanât n’est ni essentiel ni même utile à l’Islam. Que si les circonstances en imposent provisoirement le maintien, le titulaire en sera choisi par tous, sans distinction, ni de tribu, ni de classe, ni de race. L’iman pourra être indistinctement ou un nabatien ou un koréïschite, un esclave ou un homme libre, un arabe ou un syrien, pourvu seulement qu’il soit honnête et juste. Les kharidjites sont, comme on