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Villon. Marius vit à traduire de l'anglais.

Quand Marius a six sous, et de plus de quoi acheter des plumes et du papier, il va dans un certain cabinet de lecture qui possède bon nombre de livres anglais. Il s'attable, et, comme il a l'intelligence preste, la main vive et l'écriture expéditive, il écrit couramment sa traduction, fatiguant le plus de bouts d'ailes, emplissant le plus de papier qu'il peut.

A quatre heures, il se lève, essuie ses plumes, et va proposer, de petits journaux en petits journaux, sa main de papier noircie. Une quarantaine de sous est le salaire ordinaire. Marius achète du tabac, dîne avec une friture dans un cornet de papier, et se couche et s'endort pour recommencer le lendemain.

Un soir un de ses protecteurs qui le savait confiné au lit, faute de pantalon, vint lui rendre visite. Marius logeait rue Saint-Jacques, à l'hôtel de Grèce,--en son hôtel de Grèce, comme il avait l'habitude de dire.--Le protecteur monte l'escalier, il frappe.--Qui est là? crie Marius.--C'est moi.--Honorable monsieur! honorable monsieur!--L'honorable monsieur entendit