Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée

de fer. Nous avons acquis depuis le commencement du siècle, il me semble, le droit d’écrire pour les hommes faits, sinon s’imposerait à nous la douloureuse nécessité de recourir aux presses étrangères, et d’avoir comme sous Louis XIV et sous Louis XV, en plein régime républicain de la France, nos éditeurs de Hollande.

Les romans, à l’heure présente, sont remplis des faits et gestes de la prostitution clandestine, graciés et pardonnés dans une prose galante et parfois polissonne. Il n’est question dans les volumes florissant aux étalages que des amours vénales de dames aux Camélias, de lorettes, de filles d’amour en contravention et en rupture de ban avec la police des mœurs, et il y aurait un danger à dessiner une sévère monographie de la prostituée non clandestine, et l’immoralité de l’auteur, remarquez-le, grandirait en raison de l’abaissement du tarif du vice ? Non, je ne puis le croire !