Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/157

Cette page n’a pas encore été corrigée

ni un acteur, enfin personne au monde qui tînt de loin ou de près à la littérature ou au théâtre. Nous allions chercher, au Palais-Royal, l’adresse de Sainville, nous lui écrivions ; il nous accordait un rendez-vous. Nous sonnions à la porte du comique ainsi qu’on sonne à la porte d’un dentiste. Une jolie bonne, pareille à celles qui jaillissent d’un portant de coulisse de théâtre, nous ouvrait, nous introduisait au salon. Et nous commencions notre lecture devant Sainville et un grand monsieur qu’il nous disait avoir l’habitude de consulter. Ce n’était pas encourageant de lire à Sainville. Le rond et jovial acteur, sur les planches, avait chez lui, pour l’audition d’une pièce, une figure d’une impénétrabilité grognonne, et qui peu à peu prenait quelque chose de la face mauvaise de ces gras mandarins qu’on voit, sur des potiches du Céleste Empire, ordonner des supplices. La lecture terminée, d’abord un