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VI

— Au Forum… — dit madame Gervaisais.

La calèche remonta une grande rue, bordée de boutiques, de palais, d’églises, puis une via étroite. Et tout à coup s’ouvrit un espace, une petite plaine abandonnée, un champ vague, une terre de poussière à l’herbe rase.

Le cocher avait arrêté ses chevaux : machinalement, instinctivement, madame Gervaisais se leva.

C’était le Campo des grands restes de Rome : des portiques survivant à des temples écroulés, des colonnades isolées qui ne s’appuyaient plus qu’au ciel, des colonnes foudroyées soutenant des entablements où des graminées rongeaient des noms d’Empereurs, des Arcs de triomphe enterrés de vingt pieds et de vingt siècles, des fosses encombrées de fragments et de