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et ressortant avec des esturgeons, souvent grands comme un homme.

Comme elle revenait d’une de ces promenades, elle rencontra dans la Longaretta son ancien domestique. Avec le sentiment natif d’égalité revenant au Romain qui n’est plus en service, Giuseppe l’aborda familièrement. Il était mis avec recherche, en habit neuf ; il avait des gants orange, une canne, et tenait, serré sous son bras, le plus naturellement du monde, un poisson sec et plat, dont le sel lui blanchissait l’aisselle.

« Eh bien, Giuseppe, vous avez donc fait fortune ? lui dit Mme Gervaisais.

― Pas encore, signora… Giuseppe est Giuseppe… ― Puis il ajouta de son air mystérieux :

― Je suis d’une société pour les fouilles… »

Et de sa voix la plus creuse, avec des suspensions dramatiques et des mouvements d’yeux de traître, il expliqua à son ancienne maîtresse que l’affaire était excellente, que