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la présence de tous les passés de Rome se montre en un bric-à-brac sacré, ramassé à la démolition d’un Empire et à l’expropriation d’un Olympe.

Un petit sacristain, un enfant qui la guettait de la maison parochiale sur la place, sitôt qu’il la voyait sortir, allait lui ouvrir la petite porte aux rinceaux byzantins par laquelle Mme Gervaisais tombait dans l’église, au bas d’une marche boiteuse. Les doigts mouillés à l’eau bénite du bénitier éclairé d’une veilleuse, elle montait à droite les cinq degrés qui conduisent à la tribune ; et s’agenouillant sur le marbre du dernier, elle avait, un peu à sa gauche, l’hémicycle de boiserie brune au milieu duquel se levait le blanc mystère d’un siège de marbre, gardé par deux griffons, un trône redoutablement vide ; en haut, à la voûte, le colossal Jésus, la longue Vierge géante, les apôtres courbés par la voussure et se penchant du ciel d’or avec des faces de martyrs sauvages, blêmies par les couleurs de pierres précieuses et les orfèvreries de