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blessantes que des coups, des regards de personne empoisonnée à une servante empoisonneuse qui lui verserait à boire. Elle la tenait à distance, l’éloignait d’elle, refusait ses attentions ; et volontairement, pour l’humilier et la faire souffrir, elle demandait à son fils, quand Honorine était là, les petits soins de son service, d’aller lui chercher un livre, de lui relever son oreiller. Un jour, comme elle tourmentait Honorine plus vivement encore qu’à l’ordinaire, Honorine laissant échapper ce jour-là ses répugnances, Mme Gervaisais tout à coup lui lança d’une voix mauvaise :

« Eh bien, écoutez que je vous dise, Honorine ! Vous me faites croire à ce qu’on a cru de vous… Oui… Car si vous n’aviez rien sur la conscience, si vous n’aviez pas… cela qui vous pèse… à dire en confession… quand je vous prie… quand je vous le demande pour moi ! … Oh ! c’est bien clair : c’était vous ! …

― Madame… dit Honorine ; et ses yeux devinrent soudain grands. Elle ne comprenait pas, il lui paraissait impossible