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d’un caveau de couvent : De profundis de la vie de la terre, écrit, semble-t-il, sous l’angoisse et l’approche d’un autre an Mil, au jour baissant du soir du monde, à la lueur tombante de son dernier soleil.

Et peu à peu, l’existence, elle se mettait à la voir, en sortant du livre, avec la désillusion d’un retour de cimetière, à la voir comme un passage, une route à traverser en voyageur et en étranger qui ne fait que toucher en chemin l’inanité, la vacuité, la vanité des vanités de toutes les choses hors de Dieu. Mortification et renoncement, c’était l’écho impitoyable, éternel, de ces redites sévères et funèbres qui commandaient, au nom de la crainte de Dieu, à la vraie et profonde dévotion, l’arrachement de tous les liens d’ici-bas, le dépouillement des sentiments pour les personnes aimées et les préférences particulières, le dégoût et le mépris de toute chair et de toute créature, dont le livre défend toute jouissance même innocente, ordonnant qu’on les regarde comme « de la boue et du foin » . Et les versets succédaient aux versets,