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sur sa femme de chambre, à laquelle elle donnait ses ordres pour déplacer ou déranger ceci ou cela : elle ne se relevait que quand le geste obstiné de la main de son enfant lui montrait un objet plus haut que lui, et qu’il voulait voir, comme les touche-à-tout de son âge, en le tenant une minute dans ses petits doigts.

À la fin, elle alla se reposer à l’angle de la pièce, où pendait une épreuve avant la lettre de la Transfiguration, dans un renfoncement d’ombre devant lequel se croisait sur le tapis la lumière des deux fenêtres ; elle se trouva bien là, et elle crut y avoir rencontré son coin, cet endroit aimé que toute femme choisit où elle habite pour en faire sa place d’adoption, y être heureusement et tranquillement en compagnie d’elle-même, y lire, y écrire, y rêver. Faisant son creux dans les petits coussins du canapé, les ramassant autour d’elle pour se soutenir, elle dit à Honorine d’apporter une table devant elle et de placer dessus son buvard, ses livres. Une corbeille d’osier, tressée or et blanc, était accrochée au-dessus