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instruire l’humanité », la préparait à admettre la révélation divine. Maintenant, quand elle revenait à la philosophie, les explications, les solutions qui l’avaient satisfaite sur l’origine, l’existence, la destination de la créature, n’étaient plus pour elle qu’hypothèses et conjectures. Et ainsi disputée entre la lassitude de douter et l’aspiration à croire, elle se relançait à la poursuite de la Vérité infinie.

Au milieu de ces travaux, un grand orateur écrivain avait une sensible influence sur elle. Dans sa parole imprimée, cette parole que le prédicateur craignait humblement de voir se sécher comme une feuille dans un livre, elle retrouvait l’accent chaud et vivant de la voix dont l’émotion avait rempli Notre-Dame aux jours du mouvement religieux de 1834. Elle y retrouvait cet apôtre de la jeunesse parlant à l’intelligence masculine et lettrée de la France : elle y entendait Lacordaire. Elle s’attachait à cette éloquence qui ne voulait pas imposer la foi, qui la proposait à la discussion, cherchait la conviction des esprits