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Elle demanda à être sérieusement et profondément convaincue et persuadée. Alors elle se jeta à des études qui auraient usé la puissance de travail d’un homme. Interprètes de l’Ancien et du Nouveau Testament, apologistes, controversistes, elle parcourut des livres sans nombre, jusqu’aux plus secs, aux plus ardus, aux plus abstraits de la théologie, emplissant des extraits, des volumes de cahiers, tourmentée par la perplexité de sa destinée éternelle, qui rejetait toujours son angoisse à la peine de nouvelles et plus studieuses recherches, où chaque jour pourtant elle s’approchait un peu plus de cette certitude qu’elle appelait, qu’elle implorait, qu’elle faisait naître, pour ainsi dire, de l’ardeur de son désir et de la secrète complaisance de ses efforts. Peu à peu, les objections, les répugnances de la logique humaine s’effaçaient chez la femme ; l’improbabilité de certaines choses ne lui semblait plus aussi improbable ; et à un certain moment, la phrase de Platon, « qu’il était nécessaire qu’un maître vint du ciel pour