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des impressions acceptées et soumises d’adoration. Sa vie, elle ne la vivait plus dans le sang-froid et la paix de sa vie ordinaire ; elle la vivait dans l’émotion indéfinissable de ce commencement d’amour qui s’ignore, de ce développement secret et de cette formation cachée d’un être religieux au fond de la femme, dans sa pleine inconscience de l’insensible venue en elle des choses divines et leur intime pénétration silencieuse, comparée, par une exquise et sainte image, à la tombée, goutte à goutte, molle et sans bruit, d’une rosée sur une toison.

Souvent l’effusion de ces sensations inconnues montant en elle, s’élançait de sa bouche : en faisant de la musique à son enfant, elle ne pouvait s’empêcher tout à coup de chanter, ne cessant qu’à l’entrée d’Honorine, qu’elle savait venir pour lui rappeler là-dessus la sévère défense de M. Andral.


LIV