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si quelque chose de pareil arrivait, fit le médecin en reprenant le ton de sa gaieté, avec vos deux bavardes d’hôtesses qui ont déjà répandu l’histoire dans le quartier, les prêtres et les fratoni… Ah ! le beau bruit dans notre Rome ! Une Française, une femme du pays de Voltaire, à laquelle la Madone aurait rendu le corps et l’âme de son enfant ! Oh ! la Congrégation des Rites s’occuperait de cela : vous seriez obligée de donner une attestation à la Madone…

― Docteur, ne soyez pas méchant ! je suis si heureuse ! Laissons cela, tenez ! » reprit-elle d’un air embarrassé.

Le lendemain, les deux femmes étant venues la chercher pour l’emmener remercier San-Agostino, elle leur remettait l’or d’une riche offrande pour l’église, se dispensant, sous un prétexte, d’y retourner. Et toutes les fois qu’il revenait autour d’elle un souvenir, une allusion à cette visite, elle rompait la conversation, ne laissant pas aux autres le droit de toucher à ce souvenir étouffé au fond d’elle.