Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/180

Cette page n’a pas encore été corrigée

de terre, dans un temple, dans une église, où l’Humanité va, sous les coups qui brisent sa raison, à la religion d’une statue, à une pierre, à quelque chose qui l’écoute quelque part dans le monde avec l’oreille du Ciel !

Les deux Romaines, qui avaient fini leurs dévotions, attendaient à la porte. Mme Gervaisais était toujours plantée debout, le visage muet et fermé, lorsqu’une mère portant un petit fiévreux d’enfant, lui pencha la tête sur le pied de la Vierge où le pauvre petit laissa tomber un baiser endormi. Soudain, mue comme par un ressort, bousculant, sans les voir, les chaises et les gens, l’autre mère marcha droit au piédestal, se jeta follement sur le pied baisé, mit sa bouche, colla son front au froid de l’or : une prière de son enfance, remontée à ses lèvres, se brisa sous ses sanglots…

Dehors les femmes étaient derrière elle : elle les avait oubliées, ne leur parla pas.


XLIV