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ayant cette patine du culte qu’ont les marbres adorés, et le ton recuit et le teint mulâtre de l’Idole.

Et Mme Gervaisais finit par distinguer une belle Vierge du Sansovino, sa main longue et ses doigts en fuseau, avançant de ce corps enfumé, incertain et douteux, assombri par le caparaçonnement des joyaux, les rangs de perles des colliers, l’écrasante couronne d’un dôme d’or, les diamants des oreilles, le gorgerin des pierreries de la poitrine, les bracelets d’or des poignets, le barbare resplendissement d’une impératrice cuirassée d’orfèvrerie byzantine, auquel s’ajoutait encore l’éblouissement du petit Jésus, que la mère portait sur elle, couronné d’or, bardé d’or, le bras enroulé d’une cape de chapelets d’or, de médaillons d’or, de chaînes d’or, le ventre sanglé d’or, une jambe dans un jambard d’émeraudes. Ce qu’elle apercevait encore de cette Vierge, c’était, au bout de la draperie de marbre, son pied, ce pied usé, dévoré par les baisers, et dont la moitié, refaite en or, s’est palmée aux doigts sous