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Puis tout à coup, brusquement, par un retour soudain, involontaire, inconscient :

« Eh bien ! Honorine, que faites-vous là ? Vous ne me donnez pas mon châle et mon chapeau ? Vous voyez bien que ces dames m’attendent… »

Elle était dans la rue. Les deux femmes l’étourdissaient des guérisons opérées par la Madone, d’histoires d’enfants sauvés, de femmes en couches rétablies. Elles lui parlaient du dernier et récent miracle qui avait été le bruit et l’édification de Rome : une princesse qu’elles lui nommaient, ayant fait vœu de donner à la Madone son peigne de vingt-cinq mille francs de diamants, si elle rendait la santé à son fils, avait voulu, son fils guéri, ravoir son peigne en donnant en argent plus que sa valeur ; on lui avait dit qu’on n’osait point le reprendre et qu’elle le reprît elle-même. On l’avait fait monter sur une chaise : mais elle n’avait pu arracher le peigne de la tête de la statue. Mme Gervaisais n’écoutait pas, n’entendait pas. Toutes ces paroles n’étaient qu’un bourdonnement pour elle. Et elle allait,