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scandaleuse à la femme du monde sortant à pied, fût-elle la femme d’un ambassadeur.

Les trouvailles journalières de sa curiosité, ses rencontres au hasard, un palais grillagé de fer et de toiles d’araignée, l’auge d’un reste de tombe antique où collaient aux reliefs des nymphes et des tritons, des épluchures de salade, une rampe d’escalier où dormait le sommeil de statue d’un mendiant, un rien de style imprévu, le choc d’une ligne ou d’une couleur réveillaient ses anciens goûts de peintre. Elle éprouvait un continuel ravissement artistique à ce tableau mouvant : le pavé avec son animation, sa liberté et son hospitalité méridionales, les industries, les métiers, les fritureries fumantes et les cuisines en plein vent, les boutiques presque arabes, les types, les costumes, l’acquaiuolo et sa rotonde d’oranges et de citrons, le boucher blanc à l’air de sacrificateur, le plumeur de poulets, le tisseur de corbeilles de jonc sur son genou, le carrettiere di vino, aux chevaux empanachés de plumes de coq, à