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Le soir de cette journée de Pâques, Mme Gervaisais, lasse de toutes les fatigues et de toutes les émotions de la semaine, ne trouva ni le courage ni la force de sortir : elle envoya Pierre-Charles voir avec Honorine les rues illuminées, et resta seule, le souvenir et les yeux à demi ouverts aux flottantes images saintes de ces huit grands jours.

Elle eut une impression d’être réveillée au retour bruyant de son fils, un peu fou de la fête, tâchant de la dire et impatient de la faire raconter à Honorine dont il bourrait le côté de ses deux petits poings, avec le geste naïf des enfants qui veulent faire sortir d’une grande personne tout ce qu’ils ont vu avec elle. La femme de chambre faisait le récit des pyramides d’oies plumées, des files d’agneaux à demi dépouillés, des devantures de saucissons et de