Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lançant la gamme des mélancolies, répandant ces notes qui semblaient le large murmure d’une immense désolation, suspendues et trémolantes des minutes entières sur des syllabes de douleur dont les ondes sonores restaient en l’air sans vouloir mourir. Et la basse faisait encore monter, descendre et remonter, dans le sourd et le voilé de sa gorge, la lamentation du Sacrifice, d’une agonie d’Homme-Dieu, modulée, soupirée avec le timbre humain.

Pendant ce chant où retentit la Mort de l’auteur de toute bénédiction, l’Église ne demande pas la bénédiction ; pendant ce chant qui dit la Nuit de la véritable lumière du monde, l’Église n’a pas de cierges allumés ; elle n’encense pas, elle ne répond pas : Gloria tibi, Domine.

Madame Gervaisais écoutait toujours la basse, la basse plus pénétrante, plus déchirée d’angoisse et qui semblait la voix de Jésus disant : « Mon âme se sent plongée dans la tristesse jusqu’à la mort » ; la voix de Jésus même qui fit un instant, sous