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Château-Rouge, et sur la fameuse maîtresse de Gamahut.

C’est curieux tout de même, cette maison de Gabrielle d’Estrées, devenue cet immonde garni, et où la chambre même de la maîtresse de Henri IV serait devenue la chambre des morts : la chambre où l’on superpose plusieurs couches d’ivrognes ivres-morts, les uns sur les autres, jusqu’à l’heure où on les balaye au ruisseau de la rue. Garni qui a pour patron, un hercule dans un tricot couleur sang de bœuf, ayant toujours à la portée de sa main deux nerfs de bœuf, et une semaine de revolvers. Et dans ce garni, d’étranges déclassés de tous les sexes : une vieille femme de la société, une absintheuse, se mettant sous la peau, dans un jour vingt-deux absinthes, de cette terrible absinthe, colorée avec du sulfate de zinc, une sexagénaire que son fils, avocat à la cour d’appel, n’a jamais pu faire sortir de là ; et qui, d’après la légende du quartier, se serait tué de désespoir et de honte.

Huysmans parle dans ce quartier Saint-Séverin d’un garni encore plus effroyable, du garni de Mme Alexandre.

Jean Lorrain qui vient après Huysmans, et qui connaît le Château-Rouge et ses habitués, rabaisse les scélérats de l’endroit, et affirme que ce sont des cabotins, des criminels de parade, que font voir les agents de police aux étrangers.

Daudet, ce soir, est repris de son idée de la fondation d’une revue qui s’appellerait la « Re-