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rien : la lecture des journaux, sa correspondance qu’il faisait lui-même, n’ayant jamais eu de secrétaire, — et des promenades. Un détail à noter, une régularité extraordinaire dans cette vie : ainsi, tous les jours, une promenade de deux heures, mais toujours par le même chemin, afin de n’avoir pas une minute de retard, et Hugo disant à Mme Lockroy excédée de traverser toujours le même paysage : « Si nous prenions une autre route, on ne sait pas ce qui peut arriver qui nous mettrait en retard ! » Et tout le monde couché au coup de canon de neuf heures et demie : le maître voulant que tout le monde soit au lit, et agacé de savoir que Mme Lockroy restait levée dans sa chambre.

Un corps de fer, ainsi qu’on le sait, et ayant toutes ses dents à sa mort, et de ses vieilles dents cassant encore un noyau d’abricot, six mois avant qu’elle n’arrivât. Et des yeux ! il travaillait à Guernesey, dans une cage de verre, sans stores, avec là dedans, une réverbération à vous rendre aveugle, et à vous faire fondre la cervelle dans le crâne.

Jeudi 10 juillet. — Mlle Riesener racontait sur Théodore Rousseau cette anecdote, qu’elle tenait de Chenavard.

Corot va voir Dupré, et lui fait les compliments les plus louangeurs sur les tableaux, exposés sur les quatre murs de son atelier. Éloge que Dupré coupe