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n’est isolé, et qu’en peinture il cherche à indiquer le milieu, l’enchaînement central d’un mouvement… »

Mardi 1er mars. — Sur le proverbe « menteur comme un dentiste » prononcé par quelqu’un du dîner, le chirurgien Lannelongue dit : « Savez-vous l’origine de ce proverbe ? eh bien, la voici : Deux hommes se battent dans la rue. L’un coupe le nez à l’autre avec ses dents. L’amputé ramasse son nez dans le ruisseau, et a l’idée de monter chez un médecin-dentiste demeurant en face, nommé Carnajou, qui lui recoud à tout hasard, le nez avec du fil. Le nez reprend. Le dentiste répand la nouvelle, et l’on ajoute si peu de croyance à ses paroles, qu’on crée pour lui le proverbe en question. Et Carnajou passe si bien pour un menteur, qu’un vrai chirurgien qui fait quelque temps après des réapplications de chair, n’ose pas les ébruiter. »

« Il arrive même que Després, un interne de Dupuytren, recolle un morceau de doigt à un individu, qui revient lui montrer son doigt, au bout de huit jours, et que Dupuytren, à qui on montre ce morceau recollé, l’arrache en disant : “Ça ne tient pas, ça !” »

C’était la doctrine du moment. Ce n’est qu’en 1838, que le recollement de la rhinoplastie fut hautement affirmé.