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Dimanche 2 janvier. — Lecture par Porel chez Daudet du « Nord et Midi » (Numa Roumestan) : lecture qui dure jusqu’à une heure du matin.

Tous les éléments d’un grand succès. Une pièce amusante, des caractères délicatement étudiés, du fin comique, un habile transport des détails et des aspects de la vie intime sur les planches, et une œuvre ne présentant pas de danger. Une seule chose nous choque un peu, Mme Daudet, Porel et moi, c’est au quatrième acte, quand la mère fait la confession à sa fille : qu’elle, — aussi bien que toutes les autres femmes : — a été trompée par son austère mari, et qu’un moment, avant l’explication complète, la fille a la pensée que sa mère a été coupable… Une complication de scène, qui jette de l’antipathique sur la fille.

Lundi 3 janvier. — Le 1er janvier, il a paru, dans le Gil Blas, un article de Santillane au sujet de la représentation demandée par moi à Porel, pour compléter la souscription pour le monument de Flaubert : article me reprochant la mendicité de la chose, et me faisant un crime de ne pas compléter à moi seul, les 3 000 francs qui manquent. Aujourd’hui quelle a été ma surprise, un mois s’étant à peine écoulé, depuis l’aimable lettre que Maupassant m’avait adressée après la première de Renée Mauperin, de lire dans le Gil Blas, une lettre de Maupassant, où il appuie, de l’autorité de son nom, l’article de Santillane. Je