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par la présence de Mme Daudet, ont très mal joué, et la scène de Mme Bourjot avec son amant, et la scène du père Mauperin avec Denoisel, ont paru longues, si longues, que tout le monde semblait désespéré, et Porel plus que les autres. Aujourd’hui changement complet, on est à la confiance, à l’espérance. La pièce paraît destinée à un succès, et Porel, tout guilleret, les yeux émerillonnés, s’écrie : « Ça va ! ça va ! »

Mardi 16 novembre. — Savoir marcher, savoir respirer au théâtre : ce sont des acquisitions qu’il faut des années entières pour posséder.

Mercredi 17 novembre. — Répétition générale à deux heures. Mauvaise impression produite dans la salle, sans que je m’en doute trop, par la scène châtrée de Bourjot, que Céard supprime, sur la crainte, exprimée par Zola, que la scène ne soit accrochée.

Jeudi 18 novembre. — Et me voici, avec les Daudet, dans la loge de Porel, à la première de la pièce, tirée par Céard de Renée Mauperin. Une salle dont la froideur, aussitôt l’entrée en scène de Cerny et de Dumény, se dissipe, et qui s’amuse franchement et