Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/242

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

gneur… vous avez été un monsieur, avant d’être Monseigneur. ». L’Excellence trouvant l’emportement drôle, dit à Mme Blanc : « Eh bien le Monseigneur d’aujourd’hui vous accorde ce que vous demandez. » Et Charles rejoint Louis à Rodez.

Ils sortent du collège. Leur mère est morte, leur père est fou d’une folie qui a commencé à la terrible séance de Lanjuinais. Ils sont sans ressources, et tombés à Paris, avec de quoi vivre quelques jours. Les deux jeunes gens, qui ont déjà dix-sept et dix-huit ans, vont faire une visite à Pozzo di Borgo. Le beau vieillard les reçoit aimablement, leur dit que depuis la Révolution, il n’a plus aucune influence, mais qu’il a un ami, un véritable ami, M. Marcotte, et que M. Marcotte les fera entrer dans les forêts. Refus de Louis Blanc qui prend la parole au nom des deux frères. Alors Pozzo di Borgo va à une armoire, en tire un gros sac de pièces de cent sous, qu’il se dispose à leur donner. Second refus de Louis Blanc.

Quelques jours après, ils rendaient une visite à un autre de leurs parents, à Ferri-Pisani, auquel Pozzo di Borgo avait dit que ces petits jeunes gens étaient intraitables. Pisani leur met entre les mains 300 francs, le premier semestre d’une pension qu’il s’engage à leur faire. Et cela, fait d’une manière si amicale et si brusque, qu’ils ne peuvent cette fois refuser. Leur premier soin est de cacher la somme entre le matelas et la paillasse, dans une pauvre petite chambre d’un hôtel, près des Messageries.