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Un colonel de cavalerie qui dîne à côté de nous, au café d’Orsay, parle d’une razzia et d’une large exécution faite, pendant la nuit dernière, dans la presqu’île de Gennevilliers.

Par le vent de ce soir, les affiches de la Commune, qu’on vient d’arracher des murs, font sur le pavé le bruit de feuilles mortes, chassées par une tourmente d’automne, et l’on entend le flottement rêche des tout neufs drapeaux tricolores.

Vendredi 2 juin. — Ce matin, un spéculateur sur une grande échelle se présente chez moi, pour acheter des éclats d’obus. Il vient d’en acheter, d’un seul coup, mille kilogrammes chez mon voisin.

En rentrant, je trouve une lettre qui m’apprend la mort de mon cousin Philippe de Courmont, tué au Trocadéro, le 22 mai.

Lundi 5 juin. — Je suis frappé du provincialisme de tous ces Parisiens rentrant, un petit sac à la main. Je n’aurais jamais pu croire que huit mois d’absence du centre du chic enlevassent ainsi à des individus le caractère, la marque, dite indélébile, du parisianisme.

Mardi 6 juin. — Réapparition de la foule sur l’asphalte désert, il y a quelques jours, du boulevard