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comme avec un couteau. En face, sur une maison croulée à terre, un toit s’est abaissé, tout semblable à une toile goudronnée, jetée sur un entresol qu’on bâtit.

Mais rien n’est comparable, comme destruction, à ce coin du chemin de ronde, qui porte le nom de boulevard Murat. Là ce ne sont plus des maisons. Ce sont des pans de mur, des morceaux de façade, où colle encore un bout d’escalier, des débris, où reste, on ne sait comment, suspendue en l’air, une fenêtre sans carreaux, des éboulements informes de brique, de moellons, d’ardoises : de la bouillie de maisons, fouettée au milieu d’une grande tache de sang, autour d’un paquet de cheveux, — le sang d’un mobile, qui avait mis, là, culotte bas.

Lundi 30 janvier. — Oh ! la dure extrémité, que cette capitulation transformant la prochaine assemblée en ces bourgeois de Calais, qui, la corde au cou, ont été subir les conditions d’Édouard VI. Mais ce qui m’indigne le plus, c’est le jésuitisme de ces gouvernants, qui, pour avoir obtenu le mot de convention au lieu de capitulation, en face de ce traité déshonorant, espèrent, comme de sinistres fourbes, cacher à la France toute l’étendue de ses malheurs et de sa honte. Bourbaki laissé en dehors de l’armistice, qui est un armistice général ! La convention des lettres décachetées ! Et tout le honteux secret de ce que les négociateurs nous cachent, nous dérobent