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N’avoir pas la foi, voilà le malheur ! Comme on userait la fin de son existence dans la mécanique consolante de la vie religieuse.

8 heures. — Un cœur tumultueux soulevant comme les os et la peau de sa poitrine, et une respiration stridente qu’il semble tirer du creux de son estomac.

Nuit de dimanche (19 juin) à lundi. — Le profil de Pélagie penché sur un petit livre de prières, dont l’ombre noire se reflète sur le blanc entassement des oreillers, au milieu desquels sa tête a disparu, et dont sort le râle.

Toute la nuit, ce bruit déchirant d’une respiration qui ressemble au bruit d’une scie dans du bois mouillé, et que scandent à tout moment des plaintes douloureuses et des han plaintifs. Toute la nuit cette poitrine qui bat et soulève le drap… Dieu ne me ménage pas l’agonie de ce que j’aime, m’épargnera-t-il les convulsions de la fin ?

Lundi 20 juin, 5 heures du matin. — Le petit jour glisse sur sa figure qui a pris le jaune briqué et terreux de la mort. Des yeux larmoyants, profonds, ténébreux.