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Avril. — Un jeudi. Temps d’orage. Absorption complète. Refus de parler. Tout l’après-midi, son chapeau de paille lui barrant la vue, il reste assis en face d’un arbre, dans une immobilité tristement farouche.

8 avril. — Il est touché presque par cela seul : les colorations de la nature et surtout les aspects du ciel.

Des concentrations, des enfoncements, des abîmements en lui-même, où il y a une tristesse si immense, et faite de choses si terribles qui se passent au dedans de lui, que j’ai envie de pleurer en le regardant.

Un jour, — quel jour ? je ne sais, — je le priais de m’attendre, un moment, dans le passage des Panoramas, il m’a dit devant la grille du boulevard : « C’est là, n’est-ce pas ? » Il ne reconnaissait pas le passage des Panoramas. Un autre jour, ce nom de Watteau qui était, pour lui, comme un nom de famille,