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l’art japonais.

XXXIII

Tout peintre japonais, disais-je, dans mon étude sur Outamaro, a une œuvre érotique, a ses shungwa, ses peintures de printemps.

Et je parlais alors de la peinture érotique de l’Extrême-Orient, « de ces copulations comme encolérées, du culbutis de ces ruts renversant les paravents d’une chambre, de ces emmêlements des corps fondus ensemble, de ces nervosités jouisseuses des bras, à la fois attirant et repoussant le coït, de ces bouillonnements de ventres féminins, de l’épilepsie de ces pieds, aux doigts tordus battant l’air, de ces baisers bouche-à-bouche dévorateurs, de ces pâmoisons de femmes, la tête renversée à terre, la petite mort sur leur visage, aux yeux clos, sous leurs paupières fardées, enfin de cette force, de cette énergie de la linéature qui fait du dessin d’une verge, un dessin égal à la main du Musée du Louvre, attribuée à Michel-Ange. »

Ces lignes, je les écrivais d’après trois albums d’impressions merveilleuses, dont j’ignorais encore l’auteur, et que je sais maintenant