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chaudes journées du mois d’août dix-huit cent… dix-huit cent… oui, il y a une trentaine d’années, lorsque, sur une longueur de plus de dix verstes, la route conduisant au village de Sorotchinetz grouillait de la foule accourue à la foire de tous les environs et des hameaux les plus lointains. Dès le matin, s’allongeait la foule ininterrompue de Tchoumaks[1], avec leurs voitures de sel et de poisson. Des montagnes de poteries enterrées sous le foin se mouvaient lentement, comme ennuyées de leur obscure prison. Çà et là, seulement quelques terrines ou soupières aux couleurs éclatantes se montraient vaniteusement au sommet de la charrette surchargée et provoquaient les regards attendris des adorateurs du confort. De nombreux passants contemplaient d’un œil d’envie le potier de haute taille, propriétaire de ces richesses, lequel, d’un pas lent, marchait derrière ses marchandises, enveloppant soigneusement le dandysme et la coquetterie de ses vases dans l’humble foin.

Loin des autres, se traînait une charrette

  1. Charretiers.