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Le lendemain, le major se résolut, avant de porter plainte, à une tentative de conciliation : Mme Podtotchine consentirait peut-être à lui retourner son bien sans esclandre. En conséquence, il lui écrivit la lettre suivante :

« Très honorée Alexandrine Grigorievna, Je n’arrive pas à comprendre votre manière d’agir. Vous n’y gagnerez rien. Pareil procédé ne saurait me contraindre à épouser mademoiselle votre fille. Car l’affaire est éclaircie : vous en êtes la principale instigatrice, nul ne l’ignore plus. La disparition subite de mon nez, sa fuite, son déguisement sous les traits d’un fonctionnaire, sa réapparition sous sa propre forme, sont l’effet des sortilèges opérés par vous ou par les personnes qui vous prêtent leur concours pour de si nobles exploits. Je crois bon de vous prévenir que si mon nez n’a pas repris dès aujourd’hui sa place, je me verrai contraint de me placer sous la protection des lois.

Sur ce, j’ai l’honneur d’être, madame, avec un profond respect,

Votre dévoué serviteur,

Platon Kovaliov. »


« Très honoré Platon Kouzmitch,

Votre lettre a tout lieu de me surprendre. Je ne me serais jamais attendue à pareils reproches de votre part. Je n’ai jamais reçu, ni sous un déguisement, ni sous son véritable aspect, le fonctionnaire dont vous m’entretenez. Philippe Ivanovitch