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clamerons qu’il est, qu’il doit être immortel ; eh ! sans cela, à quoi servirait donc la poésie ? à quoi servirait l’histoire ? Nous dirons qu’il est devenu l’objet d’un culte mystérieux, et qu’il a un autel dans le cœur de tout Russe partisan plus ou moins avoué de la Russie liberticide d’Ioann le Terrible, du destructeur de Pskof et de Novgorod la Grande. Nous dirons tout cela, mais nous ne permettrons pas à notre admiration pour les exploits du père de nous aveugler sur les vertus si différentes des fils, qui comprennent et proclament à l’envi que le bien général doit faire taire tous les intérêts privés, et que le bonheur, que l’honneur d’un peuple entier, ne peut être le fruit que du sacrifice.

Le Russe, non-seulement est foncièrement chrétien catholique, mais il a même tous les instincts du génie de l’initiation. Quelle apparence donc qu’il s’accommodât plus longtemps d’un esclavage mal déguisé au centre de son pays et d’un système semi-païen qui est la seule cause de son malaise physique et moral, d’un système qui est un obstacle à la marche féconde de l’humanité en progrès.



FIN.