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meil, qui, depuis plus de quatre heures, tenait dans ses bras, comme on dit, toute la maisonnée, prit aussi notre héros dans sa douce étreinte.

Le bon Tchitchikof s’endormit d’un sommeil si sain et si profond, que le spectacle en serait dépitant et humiliant pour ceux de mes lecteurs qu’afflige l’insomnie. Je m’abstiendrai, par égard pour ces derniers, de décrire en détail ce sommeil, me bornant à le qualifier de sommeil héroïque, car aussi bien daignera-t-on se souvenir que nous écrivons ici une épopée, et nous n’y épargnons, ce nous semble, aucune des ressources poétiques que nous offre le temps qui court[1].

  1. Ce chant est celui auquel l’auteur donnait la préférence sur tous les autres, celui qu’il a le plus relu et le moins retouché, le seul auquel il accordât des regrets quand il brûlait son IIe volume à Moscou, pour la seconde fois.