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ils recevraient de Charlotte leur présent de Noël ; et là-dessus ils lui étalèrent toutes les merveilles que leur imagination leur promettait. « Demain, s’écria-t-il, et encore demain, et puis encore un jour ! » Il les embrassa tous tendrement, et allait les quitter, lorsque le plus jeune voulut encore lui dire quelque chose à l’oreille. Il lui dit en confidence que ses grands frères avaient écrit de beaux compliments du jour de l’an ; qu’ils étaient longs ; qu’il y en avait un pour le papa, un pour Albert et Charlotte, et un aussi pour M. Werther, et qu’on les présenterait de grand matin, le jour de Noël.

Ces derniers mots l’accablèrent : il leur donna à tous quelque chose, monta à cheval, les chargea de faire ses compliments, et partit les larmes aux yeux.

Il revint chez lui vers les cinq heures, recommanda à la servante d’avoir soin du feu et de l’entretenir jusqu’à la nuit. Il dit au domestique d’emballer ses livres et son linge, et d’arranger ses habits dans sa malle. C’est alors vraisemblablement qu’il écrivit le paragraphe qui suit de sa dernière lettre à Charlotte :

« Tu ne m’attends pas. Tu crois que j’obéirai, et que je ne te verrai que la veille de Noël. Charlotte ! aujourd’hui ou jamais. La veille de Noël tu tiendras ce papier dans ta main, tu frémiras, et tu le mouilleras de tes larmes. Je le veux, il le faut ! Oh ! que je suis content d’avoir pris mon parti ! »