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que celui qui concerne le mariage soit respecté, car c’est le plus important de tous.

Au même instant Nanny se précipita hors d’elle dans le salon en poussant ces cris terribles :

— Au secours ! au secours ! mademoiselle va mourir, mademoiselle se meurt !

Ottilie était retournée dans sa chambre en se soutenant à peine, les vêtements dont elle voulait se parer le lendemain étaient encore étalés sur les chaises, et Nanny qui venait de les contempler de nouveau, avait exprimé son admiration à sa maîtresse en disant que c’était une véritable parure de fiancée. A peine avait-elle prononcé ces mots qu’Ottilie était tombée sur le canapé sans apparence de vie. Egarée par la terreur, la jeune villageoise s’était précipitée dans le salon pour appeler des secours.

Charlotte se rend en hâte chez sa nièce, accompagnée du Chirurgien qui, attribuant l’état de la malade à la faiblesse, fait apporter un consommé. Ottilie le repousse avec dégoût, presque avec horreur. Surpris de cette répugnance il demande quels aliments elle peut avoir pris dans le cours de la journée. Nanny hésite, se trouble, et finit par avouer que sa maîtresse à refusé toute espèce de nourriture. Son agitation excite les soupçons du Chirurgien ; il l’entraîne dans une pièce voisine, Charlotte les suit. La jeune fille se jette à leurs pieds et confesse que depuis longtemps déjà c’était elle qui mangeait les mets qu’on apportait à Ottilie pour ses repas.

— Mademoiselle m’y a forcée par des gestes tantôt suppliants et tantôt menaçants, et puis, ajouta-elle dans toute l’innocence de son cœur, j’avais tant de plaisir à manger ces mets délicats !