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votre style, non pas à expliquer ces petites figures, mais à les anéantir.

SINCLAIR.

À l’ouvrage, Eulalie ! Faites-nous ce plaisir et promettez bien vite.

EULALIE.

Les auteurs promettent beaucoup trop aisément, parce qu’ils espèrent pouvoir exécuter ce qu’ils sont capables de faire : un peu d’expérience m’a rendue circonspecte. Mais, lors même que je verrais devant moi, dans ce court intervalle, tout le loisir nécessaire, j’hésiterais encore à me charger de cette tâche. Ce qu’on peut dire en notre faveur, c’est proprement à un homme de le dire, à un homme jeune, ardent, amoureux. Présenter le côté favorable est l’affaire de l’enthousiasme ; et qui donc a de l’enthousiasme pour son sexe ?

ARMIDORE.

La vérité de l’observation, la justice, la délicatesse, me charmeraient ici plus encore.

SINCLAIR.

Et entendrait-on plus volontiers faire l’éloge des bonnes femmes que l’auteur qui s’est montrée incomparable dans le conte dont nous fûmes charmés hier ?

EULALIE.

Le conte n’est pas de moi.

SINCLAIR.

Il n’est pas de vous ?

ARMIDORE.

Je puis l’attester.

SINCLAIR.

Il est pourtant d’une dame ?

EULALIE.

De mes amies.

SINCLAIR.

Il y a donc deux Eulalies ?

EULALIE.

Peut-être davantage et de meilleures.

ARMIDORE.

Vous plairait-il de raconter à la compagnie ce que vous m’avez