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trouve de grandes taches du jaspe le plus dur, dans lesquelles on en voit de petites, rondes, de la nature de la brèche. Un de ces morceaux était bien instructif et appétissant, mais la pierre était trop lourde, et puis j’ai juré de ne pas me charger de pierres dans ce voyage.

Munich, 6 septembre 1786.

Je suis parti de Ratisbonne le 5 septembre à midi et demi. Depuis Abach, où le Danube se brise contre des rochers calcaires, le pays est beau jusque vers Saal. Le calcaire est compacte, mais généralement poreux, comme à Osteroda, dans le Harz. A six heures du matin, j’étais à Munich. Après m’être promené pendant douze heures, je vais faire un petit nombre d’observations. Je me suis trouvé dépaysé dans la galerie de peinture. Il faut que mes yeux reprennent l’habitude de« oir des tableaux. I1 y a des choses excellentes. Les esquisses de Rubens, de la galerie du Luxembourg, m’ont fait un grand plaisir. Ici se trouve un précieux joujou, le modèle de la colonne Trajane. Le fond est en lapis-lazuli, les figures sont dorées. C’est, à tout prendre, un beau travail, et l’on s’y arrête volontiers. J’ai pu remarquer dans la salle des antiques que mes yeux ne sont pas exercés à ces objets. Aussi n’ai-je pas voulu m’y arrêter et perdre mon temps. Bien des choses ne me plaisaient point, sans que je puisse dire pourquoi. Un Drusus a fixé mon attention ; deux Antonins m’ont plu, avec quelques autres choses encore. En somme, les objets ne sont pas heureusement placés, quoiqu’on ait voulu en faire montre, et la salle, ou plutôt la voûte, offrirait un bel aspect, si elle était plus propre et mieux entretenue. J’ai trouvé dans le cabinet d’histoire naturelle de belles choses du Tyrol, que je connaissais déjà, que je possède même en petits échantillons.

Une femme m’a offert des figues, que j’ai trouvées excellentes, comme étant les premières. Mais, pour le quarante-huitième degré, le fruit n’est pas trop bon. On se plaint beaucoup ici de l’humidité et du froid. Un brouillard, qu’on pourrait appeler une pluie, m’a accueilli ce matin avant Munich. Tout le jour il a soufflé un vent très-froid des montagnes du Tyrol. En les regardant de la tour, je les ai vues couvertes comme tout le ciel. Maintenant le soleil couchant brille sur la haute tour, qui est