Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IX.djvu/87

Cette page n’a pas encore été corrigée

gion catholique. « Il faut à l’homme une règle de croyance, disait-il, et qu’elle soit aussi ferme et invariable que possible : c’est son plus grand avantage. Nous avons pour fondement de notre foi l’Écriture, mais elle n’est pas suffisante. Nous ne croyons pas devoir la mettre dans les mains du commun peuple : car, si elle est sainte et porte sur toutes ses pages l’empreinte de l’esprit divin, l’homme qui a des inclinations terrestres ne peut le comprendre ; au contraire, il rencontre partout des sujets de trouble et de scandale. Quel fruit un laïque peut-il retirer des histoires obscènes qui s’y rencontrent, et que le Saint-Esprit a cependant tracées pour fortifier la foi des enfants de Dieu éprouvés et instruits ? De quel avantage sont-elles pour l’homme du commun, qui ne considère pas les choses dans leur ensemble ? Comment se démélera-t-il dans les contradictions apparentes qui se trouvent çîi et là, dans le désordre des livres, les divers styles, puisque la chose est si difficile pour les savants eux-mêmes, et que, sur tant de points, les fidèles doivent tenir leur raison captive ? Que nous faut-il donc enseigner ? Une règle fondée sur l’Écriture, démontrée par la meilleure interprétation de l’Écriture. Et qui doit l’interpréter ? Qui doit fixer cette règle ? Moi peut-être ou tel autre individu ? Nullement. Chacun se compose un système différent, se fait de la chose une idée particulière : de là, autant de personnes, autant on verrait de doctrines, et il en résulterait une indicible confusion, comme cela s’est déjà vu. Non, il n’appartient qu’à la très-sainte Église d’interpréter l’Écriture et de fixer la règle à laquelle nous devons accommoder la conduite de notre âme. Et qui forme cette Église ? Ce n’est point tel ou tel chef, tel ou tel membre : non, ce sont les hommes les plus saints, les plus savants, les plus sages de tous les temps, qui se sont réunis pour construire peu à peu, avec l’aide du Saint-Esprit, ce vaste édifice, harmonieux et universel ; qui, dans les grandes assemblées, se sont communiqué leurs pensées, se sont édifiés mutuellement, ont banni les erreurs et ont donné à notre trèssainte religion une sûreté, une certitude, dont aucune autre ne peut se glorifier ; lui ont creusé un fondement, lui ont élevé un rempart que l’enfer lui-même ne peut détruire. Il en est de même pour le texte des Saintes Écritures. Nous avons la Vul-