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entouré de quelques plantes rares, sur lesquelles j’avais continué mes études. J’observais aussi, en leur donnant mes soins, celles que j’avais obtenues de semences. A mon départ, de nombreux amis se disputèrent surtout celles-ci. Je plantai chez Angélique, dans le jardin de la maison, le jeune pin, déjà assez fort, humble présage d’un arbre futur ; là, il atteignit, avec les années, une assez grande hauteur, et des voyageurs sympathiques m’en contèrent beaucoup de choses à notre satisfaction mutuelle, comme aussi de mmi souvenir attaché à ce lieu. Malheureusement, quand cette inestimable amie eut cessé de vivre, le nouveau possesseur jugea des pins déplacés dans ses plates-bandes. Plus tard des voyageurs bienveillants, qui en demandèrent des nouvelles, trouvèrent la place vide, et, là du moins, effacée la trace d’une aimable existence.

Quelques dattiers, que j’avais obtenus de graines, furent plus heureux. Je sacrifiais de temps en temps quelques sujets, pour en observer le remarquable développement : ceux qui restèrent, jeunes plants d’une crue rapide, je les donnai à un ami romain, qui les planta dans un jardin de la rue Sixtine, où ils sont encore vivants, et se sont élevés à la hauteur de la stature humaine, comme-un auguste voyageur a daigné me l’assurer. Puissent-ils ne pas devenir incommodes aux possesseurs, et continuer de verdir, de croître et de prospérer en mémoire de moi !

Sur la note des objets que j’avais encore à voir avant de quitter Rome, il s’en trouvait deux très-disparates la Cloaca maxlmaei les Catacombes, près de Saint-Sébastien. Le premier éleva encore l’idée colossale à laquelle Piranesi nous avait préparés ; la visite aux Catacombes ne tourna pas pour le mieux : les premiers pas que je fis dans ces lieux funèbres me causèrent un tel malaise, que je remontai sur-le-champ à la lumière du jour, et que j’attendis en plein air, dans un quartier de Rome d’ailleurs inconnu et écarté, le retour de mes compagnons, qui, plus résolus que moi, contemplèrent hardiment tout ce que renferment ces souterrains. J’appris longtemps après avec détail dans le grand ouvrage d’Antonio Rosio Romano (la Roma sotterranea) tout ce que j’aurais vu, ou même n’aurais pas vu, dans les Catacombes, et je me crus suffisamment dédommagé.