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général, un bon effet. Si l’on peut à Rome jouir habituellement de cet entourage, on vient en même temps à en convoiter la possession ; on veut s’entourer de ces images, et de bons plâtres en offrent, comme véritable fac-similé, la meilleure occasion. En ouvrant les yeux le matin, on se sent ému par ce qu’il y a de plus excellent ; toutes nos pensées, tous nos sentiment ?, sont accompagnés de ces figures, et nous ne pouvons plus retomber dans la barbarie.

Chez nous, la première place appartenait à la Junon Ludovisi, d’autant plus estimée et honorée qu’on ne pouvait voir l’original que rarement et d’une manière accidentelle, et l’on devait se féliciter de l’avoir sans cesse devant les yeux, car aucun de nos contemporains n’oserait soutenir qu’il ait saisi du premier coup d’œil tout son mérite. Quelques Junons plus peîites étaient à ses côtés, pour offrir des points de comparaison, puis des bustes de Jupiter, la Méduse Rondanini, un Hercule Anax, un charmant Mercure, des bas-reliefs, les plâtres de quelques beaux ouvrages en terre cuite…. Je parle de ces trésors, qui ne furent exposés dans le nouveau logement que quelques semaines, comme un homme, qui pense à faire son testament regardera avec fermeté, mais avec émotion, les biens qui l’entourent. L’embarras, la fatigue, les frais et une certaine maladresse dans ces sortes de choses, me détournèrent d’expédier tout de suite en Allemagne les objets les plus précieux. La Junon Ludovisi fut destinée à la noble Angélique, quelques objets aux artistes qui m’entouraient ; bien des choses appartenaient encore a Tischbein, d’autres devaient demeurer à leur place pour que Bury, qui occupa ce logement après moi, s’en servît a son gré.

Tandis que j’écris ces lignes, mes pensées se reporlentà ma première jeunesse, et je me rappelle les occasions qui me firent connaltre.d’abord ces objets, qui éveillèrent mon goût, provoquèrent chez le jeune homme inexpérimenté un enthousiasme sans bornes, et eurent pour effet l’immense désir qui m’attirait vers 1 Italie. Aussi ma douleur fut grande, lorsqu’à mon départ de Rome, je dus renoncer à la possession de ce que j’hais enfin obtenu, après lavoir ardemment souhaité.

Cependant la botanique m’avait toujours occupé, et je m’étais