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nonce plusieurs fois son retour pour le printemps. Il faisait bon vivre avec lui, mais il devenait à la longue incommode par sa mauvaise habitude de laisser comme en suspens tout ce qu’il avait à faire, par où, sans y mettre proprement de la mauvaise volonté, il vous causait du dommage et des ennuis. C’est aussi ce qui m’arriva. Dans la prévision de son retour, je dus, pour nous voir tous commodément logés, changer d’appartement, et l’étage supérieur de notre maison s’étant trouvé vacant, je n’hésitai pas à le louer et à m’y établir, afin qu’à son arrivée, Tischbein trouvât tout prêt à l’étage inférieur.

L’appartement d’en haut était pareil à l’autre, mais le derrière avait l’avantage d’une vue charmante sur le jardin de la maison et sur ceux du voisinage, qui s’étendaient de tous côtés, parce que notre maison formait le coin. On voyait donc des jardins, d’une extrême variété, séparés régulièrement par des murs, tenus et plantés avec une diversité infinie ; pour décorer ce paradis de verdure et de fleurs, partout se produisait une noble et simple architecture, salles de jardins, balcons, terrasses, et même, sur les plus hautes maisonnettes de derrière, une loge ouverte, et, parmi ces constructions, tous les arbres, toutes les plantes du pays.

Dans le jardin de notre maison, un vieil ecclésiastique soignait un certain nombre de citronniers bien entretenus, de grandeur moyenne, dans des vases élégants de terre cuite ; l’été, ils étaient tenus en plein air, mais, en hiver, on les rentrait dans la salle du jardin. Les fruits, lorsqu’on s’était assuré de leur parfaite maturité, étaient cueillis soigneusement, enveloppés chacun à part de papier blanc et expédiés. Ces citrons sont aimés dans le commerce, parce qu’ils ont des qualités particulières. Une pareille orangerie est considérée dans les familles bourgeoises comme un petit capital, dont on retire tous les ans un certain intérêt. .

Ces mêmes fenêtres, d’où l’on observait, à la faveur du jour le plus clair, tant d’objets gracieux, donnaient aussi une excellente lumière pour contempler les ouvrages de peinture. Kniep venait de m’envoyer, selon notre convention, diverses aquarelles, exécutées d’après les esquisses qu’il avait soigneusement recueillies dans notre voyage de Sicile : placées dans le jour le