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institution s’était toujours accrue ; le chef poursuivait ses méritoires pèlerinages, et, comme il se présentait toujours, pour profiter d’une institution si évidemment utile, plus d’enfants qu’on ne pouvait en recevoir, notre cordonnier, pour stimuler la bienfaisance du public, avait eu l’idée de joindre à sa troupe des enfants à vêtir, et, chaque fois, il réussissait à obtenir des aumônes suffisantes pour en habiller un ou deux. Pendant qu’on nous entretenait de ces choses, un des aînés, parmi les enfants habillés, s’approcha de nous, nous présenta une assiette, et nous demanda, en termes modestes et bien énoncés, une charité pour les enfants sans habits et sans chaussures. Il obtint une large contribution non-seulement de nous, étrangers émus, mais aussi des Romains et des Romaines, d’ailleurs parcimonieux, et qui ne manquèrent pas de donner à leur offrande modique une pieuse valeur, en débitant beaucoup de paroles de bénédiction en faveur d’une œuvre si utile.

On prétendait que ce pieux père de l’enfance veut que ses pupilles prennent part chaque fois à la distribution de ce jour, après qu’ils se sont d’abord édifiés par le pèlerinage, et cela ne peut manquer de produire pour son objet une assez bonne recette.

Roms, 10 avril 1788.

Mon corps est toujours à Rome, mon âme n’y est plus. Aussitôt que j’eus pris la ferme résolution de partir, plus rien ne m’intéressa, et je voudrais être parti depuis quinze jours. C’est proprement pour Kayser et pour Bury que je reste encore. Kayser termine quelques études qu’il ne peut faire qu’à Rome ; il recueille encore quelques œuvres musicales ; Bury veut achever l’esquisse d’un tableau de mon invention, pour lequel il a besoin de mes conseils. Cependant*j’ai fixé mon départ au

2l ou 22 avril.

Rome, 11 avril 1788.

Les jours passent et je ne puis plus rien faire ; à peine suis-je capable de voir encore quelque chose ; mon digne Meyer continue de m’assister, et je profite pour la dernière fois de sa conversation instructive. Si je n’avais pas Kayser, j’aurais emmené Meyer. Si seulement nous l’avions eu une année plus tôt, nous