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suis trouvé moi-même, j’ai été d’accord avec moi-même, heureux et sage, et c’est ainsi que m’ont connu et possédé, en différents sens et à divers degrés, ces trois personnes.

Rome, 22 mars 1788. v

Aujourd’hui je ne vais pas à Saint-Pierre, et je veux remplir une petite feuille. La semaine sainte est passée à son tour avec ses merveilles et ses fatigues ; demain nous recevrons encore une bénédiction, et puis nos pensées se tourneront vers une tout autre vie. Grâce à la faveur et aux démarches de bons amis, j’ai tout vu et entendu. Le lavement des pieds et la nourriture des pèlerins doivent surtout s’acheter par beaucoup de presse et de fatigue.

La musique de la chapelle est d’une beauté qui passe l’imagination, surtout le Miserere d’Allegri et les improperiou reproches que le Dieu crucifié fait à son peuple. On les chante le matin du vendredi saint. Le moment où le pape, dépouillé de toute sa pompe, descend du trône nour adorer la croix, tandis que toute l’assistance reste à sa place, et demeure immobile, et " où le chœur entonne : Populus meus, quid tibifcci ? est une des plus belles de ces remarquables cérémonies. Mais ce sont des choses qu’il faut réserver à la conversation. Quant à la musique, tout ce qui peut se recueillir, Kayser le recueillera. J’ai joui selon mon désir de toutes ces cérémonies autant que la chose était possible, et j’ai fait à part moi mes réflexions sur le reste.

Ce qu’on a coutume de nommer effet n’a produit sur moi aucune impression ; rien ne m’a imposé, mais j’ai admiré tout, car il faut.convenir qu’ils ont mis en œuvre parfaitement les traditions chrétiennes. Dans l’office du pape, surtout à la chapelle Sixtine, tout ce qui est d’ordinaire déplaisant dans le culte- catholique s’accomplit avec un goût remarquable et une parfaite dignité. Mais cela ne peut être que dans un lieu où depuis des siècles les arts sont au service de la religion.

Il serait impossible maintenant de tout raconter en détail. Si les circonstances ne m’avaient pas fait demeurer en repos, et si je n’avais pas cru rester plus longtemps, je pourrais partir la semaine prochaine. Mais cela tourne encore à mon avantage. J’ai de nouveau beaucoup étudié pendant ce temps, et l’époque