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Tandis que le beau monde s’amuse ainsi jusqu’au matin, dès le point du jour des gens sont occupés à balayer le Corso et à le mettre en ordre. On veille surtout à ce que la pouzzolane soit répandue également et proprement dans le milieu de la rue. Bientôt les palefreniers amènent devant l’obélisque le cheval coureur qui s’est le plus mal montré la veille. On le fait monter par un petit garçon, et un autre cavalier le chasse devant lui a coups de fouet, en sorte que l’animal fait les plus grands efforts pour parcourir sa carrière au plus vite.

Vers deux heures après midi, au signal donné par le son de la cloche, recommence, chaque jour, le cercle des plaisirs de la veille. Les promeneurs arrivent, la garde monte, les balcons, les fenêtres, les échafaudages, sont garnis de tentures, les masques sont toujours plus nombreux et se livrent à leurs folies, les voitures montent, descendent, et la rue est plus ou moins remplie, selon que le temps ou d’autres circonstances sont plus ou moins favorables. Vers la fin du carnaval, augmentent naturellement les spectateurs, les masques, les voitures, les toilettes et le vacarme. Mais rien n’est comparable à la presse, aux extravagances du dernier jour et du dernier soir.

Le dernier jour, les files de voitures sont arrêtées le plus souvent deux heures avant la nuit ; aucun équipage ne peut plus bouger de la place, aucun, déboucher dans les rues latérales ; les échafaudages et les sièges sont occupés plus tôt, quoique les places soient plus chères ; chacun tâche de se caser le plus promptement possible, et l’on attend le départ des chevaux avec plus d’impatience que jamais. Enfin ce moment passe à grand bruit ; les signaux annoncent que la fête est finie, mais ni voitures, ni masques, ni spectateurs, ne peuvent quitter la place. Tout est tranquille, tout est silencieux, tandis que l’obscurité augmente doucement.

A peine fait-il sombre dans les rues étroites et profondes, qu’on voit ça et là paraître des lumières aux fenêtres ; elles se meuvent sur les échafaudages, et en peu de temps la circulation du feu s’étend de telle sorte que toute la rue est illuminée. de cierges brûlants. Les- balcons sont ornés de lanternes de papier transparent ; chacun tient son cierge hors de la fenêtre ; tous les gradins sont éclairés, et l’intérieur des voitures pré-