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peu près comme les pralines. A la fia l’agresseur en est tellement couvert et si vivement assailli de tous côtés, qu’il ne lui reste plus que la retraite, surtout s’il a épuisé toutes ses munitions.

D’ordinaire celui qui se lance dans une pareille aventure est accompagné d’un second qui lui passe des munitions, tandis que les vendeurs de confetti promènent leurs corbeilles pendant la bataille et se hâtent de peser pour chacun autant de livres qu’il en demande.

Nous avons vu nous-mêmes de près une de ces luttes, où les combattants, manquant de munitions, finirent par se jeter à la tôte leurs corbeilles dorées, sans écouter les avertissements des gardes qui recevaient eux-mêmes leur bonne part des coups.

Certainement ces affaires se termineraient quelquefois par des coups de couteau, si les cordes pendantes aux coins des rues, instruments de supplice bien connus, à l’usage de la police italienne, ne rappelaient à chacun, au milieu des divertissements, qu’il est très-dangereux en ces moments de se servir d’armes funestes.

Ces luttes sont innombrables, et la plupart sont plus gaies que sérieuses. Voici, par exemple, une calèche pleine de polichinelles devant le palais Ruspoli. Ils se proposent, en passant devant les spectateurs, de les attaquer tous les uns après les aulres. Par malheur la presse est trop grande et la voiture est arrélée au milieu. Tous les spectateurs s’entendent soudain et de partout les confetti tombent sur la voiture comme la grêle. Les polichinelles épuisent leurs munitions et restent assez longtemps exposés aux feux croisés de toutes parts, si bien que la voiture, couverte enfin comme de neige et de grêlons, s’éloigne lentement au milieu des insultes et des éclats de rires universels.

Tandis que ces jeux vifs et violents occupent au milieu du Corso une grande partie du beau monde, une autre pariie’du public trouve à l’extrémité supérieure une autre espèce de divertissement. Non loin de l’Académie française, le capitaine du théâtre italien, en costume espagnol, avec le chapeau à plumes, l’épée et les gants, s’avance à l’improviste du milieu des masques qui regardent de dessus les gradins, et il com-