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dame excellente, honorée et dès longtemps connue, qui tirait du clavecin des sons enchanteurs, contempler en même temps, des fenêtres, un paysage unique au monde, et, au coucher du soleil, en tournant un peu la tête, promener nos regards sur le grand tableau qui s’étendait à gauche de l’Arc de Septime Sévère, le long du Campo Vaccino jusqu’au Temple de Minerve et de la Paix, pour laisser voir en arrière le Colisée, à la suite duquel les yeux, se portant vers la droite, glissaient sur l’Arc de Titus, et se perdaient, s’arrêtaient, dans le labyrinthe des ruines du Palatin et de leurs solitudes, parées de jardins cultivés et d’une végétation sauvage.

Le carnaval de Rome.

Au moment d’entreprendre une description du carnaval de Rome, nous devons craindre d’encourir un reproche. On nous dira qu’une telle fête ne peut se décrire ; une si grande masse vivante d’objets sensibles devrait se mouvoir sous nos yeux pour être observée et saisie par chacun à sa manière.

Cette objection prend plus de force encore, si nous devons avouer nous-mêmes que l’étranger qui voit ce carnaval pour la première fois, qui veut et qui doit se borner à voir, n’en reçoit pas une impression complète et agréable, qui charme ses yeux et qui satisfasse son sentiment. La longue et étroite rue dans laquelle tournoie une foule innombrable ne peut se voir d’un coup d’œil dans toute son étendue ; à peine distingue-t-on quelque chose dans le’théâtre du tumulte que l’œil peut saisir. Le mouvement est uniforme, le vacarme étourdissant, la fin du jour ne satisfait pas. Mais ces difficultés seront bientôt levées si nous nous expliquons mieux, et il s’agira surtout de savoir si la description même nous justifie.

Le carnaval de Rome n’est pas proprement une fête qu’on donne au peuple, mais que le peuple se donne à lui-même.

L’État fait peu de préparatifs, peu de dépense ; le cercle des plaisirs se meut de lui-même, et la police le dirige d’une main légère.

Ce n’est pas une fête qui, à la manière de celles que célèbre