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Georges Schutz de dessiner et de colorier à la Mte les différents masques, ce qu’il exécuta avec son obligeance accoutumée. Plus tard, ces dessins furent gravés in-quarto par Georges Mclchior Kraus de Francfort, directeur de l’institut libre de .dessin à Weimar, et enluminés d’après les originaux pour la première édition, qui parut chez Unger et qui devient rare.

Pour arriver à ces résultats, il fallut se pousser plus qu’on ne l’aurait fait sans cela dans la foule des masques, qui, en dépit de toute vue esthétique, produisait souvent une impression désagréable et choquante. L’esprit, accoutumé aux objels nobles dont on s’occupait à Rome toute l’année, paraissait toujours sentir qu’il n’était pas à sa place. Mais une délicieuse surprise était réservée à mes sentiments les plus doux. Sur la place de Venise, où de nombreuses voitures, avant de se joindre aux files en mouvement, ont coutume de s’observer au passage, je vis la voiture de Mme Angélique, et je m’approchai de la portière pour la saluer. A peine se fut-elle penchée vers moi amicalement, qu’elle se retira en arrière pour me laisser voir la belle Milanaise, assise’à côté d’elle. Elle était guérie, et je ne la trouvai point changée. Une saine jeunesse ne devaitelle pas en effet se voir promptement rétablie ? Même elle parut me regarder d’un œil plus vif et plus brillant, avec une joie qui me pénétra jusqu’au fond du cœur. Nous restâmes ainsi un moment sans rien dire ; enfin Mme Angélique prit la parole et me dit, tandis que la jeune fille se penchait en avant : « 11 faut que je fasse l’office d’interprète, car je vois que ma jeune amie ne peut parvenir à exprimer ce qu’elle a si longtemps désiré, ce qu’elle s’est proposé et qu’elle m’a souvent répété, combien elle vous est obligée pour l’intérêt que vous avez pris à sa maladie, à son sort. Sa première consolation en revenant à la vie, ce qui a exercé sur elle l’influence la plus salutaire, c’est la sympathie de ses amis, et particulièrement la vôtre ; c’est de se retrouver, en sortant d’une profonde solitude, parmi tant de personnes excellentes et dans la plus aimable société. — Tout cela est vrai, » dit la jeune fille, en me tendant par devant sou amje une main, que je pus presser dans la mienne, mais non toucher de mes lèvres.